Article
Emmanuelle Chaudieu
Photographies
© Bruno Garcin Gasser
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Sur
les clichés noir et blanc de Niki Picalitos se succèdent
paysages de granit et de genêts, barques flottant dans l'aube
embrumée, marins contemplant la mer depuis un ponton, rochers
recouverts de goémons... La photographe est la première
à revendiquer les étranges similitudes entre la Bretagne
et sa région natale, la Galice, terre celte du nord-ouest
de l'Espagne, plus célèbre pour ses pèlerins
de Saint-Jacques de Compostelle que pour ses landes et ses légendes
peuplées de sorcières.
C'est là qu'elle vit jusqu'à l'âge de 5 ans
sur l'île d'Arosa, "une Sicile puissance dix"
où le poids du clan est écrasant.
Trop
pour la mère qui finit par mettre les voiles, sa fille sous
le bras, pour venir s'installer à Paris, capitale qui deviendra
définitivement le lieu de résidence de Niki Picalitos.
"J'ai choisi de rester en France parce qu'il y a plus de
possibilités de m'exprimer librement dans mon travail".
Ce qui n'empêche pas ses racines celtibères de rester
profondément ancrées en elle. Chaque été,
Niki retourne à Arosa, où elle possède désormais
une maison.
Adepte de la photographie humaniste elle a bénéficié
à ses débuts des conseils d'un certain Robert Doisneau,
elle utilise aujourd'hui son art comme passerelle entre ses deux
cultures. "Depuis trois-quatre ans, mon travail s'oriente
beaucoup sur les Celtes. C'est ma manière de faire quelque
chose pour mon île". Et tant pis si là-bas
on considère les artistes comme des dégénérés
et que ses clichés sont parfois observés avec septicisme.
Il en faut plus pour freiner les élans de cette jeune femme
tétue, élevée dans la lignée d'une "tradition
de femmes galiciennes indépendantes et autonomes".
En
France, ses photos lui permettent de véhiculer une image
de l'Espagne différente des traditionnelles scènes
de tauromachie, de la féria de Séville ou des monuments
de Gaudi. Car si elle est espagnole, Niki est gallega avant tout.
Donc celte. "Pour moi, cela représente vraiment une
identité. Quand je rencontre un Irlandais ou un Breton, je
ressens une proximité que je n'ai pas avec d'autres, Espagnols,
Basques ou Catalans par exemple. Et puis quand vous leur parlez
de la Galice, ils savent ce que c'est..." Car Niki aimerait
bien que l'on sache que la Celte attitude se porte aussi haut et
fier au sud de l'Europe...
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