Télérama > Sortir, semaine du 13 mars 2002

Dossier : 5 Celtes à Paris

Esprit de Celtes : Galice

Niki Picalitos, son île dans l'objectif


Article

Emmanuelle Chaudieu

Photographies
© Bruno Garcin Gasser

Sur les clichés noir et blanc de Niki Picalitos se succèdent paysages de granit et de genêts, barques flottant dans l'aube embrumée, marins contemplant la mer depuis un ponton, rochers recouverts de goémons... La photographe est la première à revendiquer les étranges similitudes entre la Bretagne et sa région natale, la Galice, terre celte du nord-ouest de l'Espagne, plus célèbre pour ses pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle que pour ses landes et ses légendes peuplées de sorcières.
C'est là qu'elle vit jusqu'à l'âge de 5 ans sur l'île d'Arosa, "une Sicile puissance dix" où le poids du clan est écrasant.
Trop pour la mère qui finit par mettre les voiles, sa fille sous le bras, pour venir s'installer à Paris, capitale qui deviendra définitivement le lieu de résidence de Niki Picalitos. "J'ai choisi de rester en France parce qu'il y a plus de possibilités de m'exprimer librement dans mon travail". Ce qui n'empêche pas ses racines celtibères de rester profondément ancrées en elle. Chaque été, Niki retourne à Arosa, où elle possède désormais une maison.

Adepte de la photographie humaniste —elle a bénéficié à ses débuts des conseils d'un certain Robert Doisneau—, elle utilise aujourd'hui son art comme passerelle entre ses deux cultures. "Depuis trois-quatre ans, mon travail s'oriente beaucoup sur les Celtes. C'est ma manière de faire quelque chose pour mon île". Et tant pis si là-bas on considère les artistes comme des dégénérés et que ses clichés sont parfois observés avec septicisme. Il en faut plus pour freiner les élans de cette jeune femme tétue, élevée dans la lignée d'une "tradition de femmes galiciennes indépendantes et autonomes".

En France, ses photos lui permettent de véhiculer une image de l'Espagne différente des traditionnelles scènes de tauromachie, de la féria de Séville ou des monuments de Gaudi. Car si elle est espagnole, Niki est gallega avant tout. Donc celte. "Pour moi, cela représente vraiment une identité. Quand je rencontre un Irlandais ou un Breton, je ressens une proximité que je n'ai pas avec d'autres, Espagnols, Basques ou Catalans par exemple. Et puis quand vous leur parlez de la Galice, ils savent ce que c'est..." Car Niki aimerait bien que l'on sache que la Celte attitude se porte aussi haut et fier au sud de l'Europe...